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HISTOIRE DE LA COMMUNE

PETITE HISTOIRE DE

SAINT-PIERRE-LE-VIEUX

 

Notre commune fut le théâtre de nombreux événements qui étayent encore notre quotidien au vu de quelques bâtiments plus ou moins délaissés. Pourtant, ceux-ci sont les derniers témoins d’un passé riche que beaucoup d’habitants (anciens ou nouveaux) ignorent. Nous passons fréquemment au devant sans connaître leurs origines et leurs fonctions. C’est pourquoi nous tenterons, au travers de ce petit exposé, de rappeler les faits importants du patrimoine culturel Saint-Petruxain.

 

La principale curiosité qui frappe tout nouvel habitant est l’éclatement géographique de Saint Pierre Le Vieux. En effet, nous résidons dans une commune aux dimensions relativement vastes : elle s’étend sur près de 2650 hectares et comprend différentes localités que sont Souil, La Porte de L’Ile, Saint-Pierre, Chalais, ainsi que Le Pontreau et Mauvais. Il faut remonter aux origines mêmes de notre histoire pour comprendre cette particularité. Celle-ci relève de deux faits principaux : l’un géographique ; l’autre purement religieux. 

Tout d’abord, il apparaît qu’au Xe siècle une partie de notre commune se trouvait sur une île. En fait, le marais poitevin tel que nous le connaissons aujourd’hui est le résultat de nombreuses campagnes d’assèchement effectuées entre le XIème et le XIXème siècle. Cet immense espace sur lequel s’établit aujourd’hui la renommée de notre région était donc primitivement un immense marécage en partie inaccessible et appelé Golfe Des Pictons. Bien sûr, ce paysage évolua au cours des siècles du fait d’un envasement rapide et de nombreuses actions anthropiques. Néanmoins, nous savons qu’au XVIIème siècle Maillezais était une île ceinte d’une eau douce. Dès lors, si nous regardons la carte annexe, nous pouvons constater que certaines zones étaient et demeurent difficilement accessibles, d’où cet éclatement. Nous remarquons que ces « pôles » de développement se rencontraient soit sur le rivage (Souil et Chalais) marquant ainsi de probables points d’accostage, soit sur l’île aux endroits particulièrement stratégiques (La Porte de L’Ile et Saint-Pierre) au niveau de l’entrée même de l’île. Par conséquent, il apparaît que différents points de peuplement se sont développés au cours des âges, mais ceux–ci ont été conditionnés par des aléas géographiques que l’homme a tenté de modeler sans parvenir cependant à les maîtriser, d’où ce probable éclatement.

Cependant, nous allons voir que ces contingences « marécageuses »  ne suffisent pas à interpréter l’éclatement géographique de Saint-Pierre-le-Vieux. Outre cette particularité, nous allons nous interroger sur l’origine même du nom de notre commune. Or, nous abordons ici une des pages les plus importantes de notre patrimoine historique.

De nos jours, nous voyons encore s’élever les ruines élégantes de l’abbaye de Maillezais et de sa cathédrale. Néanmoins, nous devons savoir que la première fondation n’eut pas lieu sur ce promontoire mallacéen, mais au niveau de l’actuelle église paroissiale de Saint-Pierre-Le-Vieux.

En effet, une chronique rédigée en 1080 par un moine dénommé Pierre de l’abbaye bénédictine de Maillezais nous éclaire sur l’origine du monastère. En l’occurrence, il nous renseigne sur les circonstances de fondation de l’abbaye. En fait, toute l’histoire se déroule lors d’une partie de chasse, réalisée par Guillaume IV, comte-duc d’Aquitaine. Ce dernier venait très fréquemment à Maillezais où son père Guillaume dit "Tête d’Etoupe" avait bâti une forteresse afin de freiner les invasions de Normands particulièrement virulents au début du Xème siècle. Or, l’histoire de Pierre nous raconte que Guillaume IV se plaisait à poursuivre avec ses vassaux le gibier de la forêt de Maillezais et plus particulièrement un « énorme » sanglier impossible à saisir.

Cependant, un des vassaux de Guillaume, Gaucelinus, décida de suivre ce réfractaire qui venait de pénétrer dans un hallier très épais. Après quelques coups d’épée, celui-ci parvint à se frayer un passage qui lui permit de découvrir les ruines d’une petite église et aperçut le sanglier couché sur l’autel renversé. L’histoire nous dit que le vassal fut frappé d’étourdissement. Or , lorsque les chasseurs le rejoignirent, le sanglier avait disparu et Gaucelinus se trouvait terrassé bien que sans blessure apparente. Emma, la duchesse d’Aquitaine, décida de transporter le chasseur dans le chœur de la chapelle ruinée et des cierges furent allumés autour de celui-ci. Après une nuit de prières, le vassal se réveilla dans une santé éclatante. Dès lors, la duchesse admit qu’il s’agissait d’un miracle et décida donc de fonder un monastère à l’emplacement du lieu supposé sacré, c’est à dire sur l’église ruinée que Gaucelin avait découvert en suivant le sanglier.

Cette histoire est certes imprégnée d’un fort caractère apologétique. Ce moine rédigea cette histoire pratiquement un siècle après les faits à la demande de l’abbé. Ce dernier avait certainement pour objectif de glorifier les origines de son abbaye par cet acte providentiel et sacré. Néanmoins, cette chronique vaut la peine d’être prise en considération car elle demeure un document important quant à l’histoire de Saint-Pierre-le-Vieux. Elle signifie que le premier bâtiment monastique fut érigé sur cette commune. Il est très difficile d’établir une date précise pour le début des travaux. Quoi qu’il en soit, le monastère est consacré au mois de juin 989, lors du concile de Charroux et Emma fait appel à son cousin Gauzbert de Saint-Julien-de-Tours qui fit venir treize moines avec lui. Cette première abbaye fut dédiée à Saint-Pierre. Nous retrouvons donc ici les origines mêmes du nom de notre commune : « Saint-Pierre-le-Vieil de Maillezais ».

Par ailleurs, cette chronique nous apprend que le monastère fut fondé sur les ruines d’une chapelle. Ceci nous montre donc une occupation du site plus ancienne que celle exclusivement monastique. Il faut comparer ces hypothèses avec certaines découvertes effectuées au siècle dernier par un érudit local, Louis BROCHET. Ce dernier réalisa des fouilles partielles aux alentours de l’église paroissiale. Or, il découvrit un cimetière daté de l’époque mérovingienne (VII-VIIIèmes siècle), ainsi que des haches celtiques, des fragments de vase de terre de Samos, de briques, de tuiles à rebords et de médailles romaines. Toutes ces découvertes nous laissent donc envisager l’hypothèse d’une occupation encore plus ancienne, mais ces informations sont à considérer avec une très grande prudence faute de fouilles très précises ne nous permettant pas de réelle interprétation. En outre, ces artefacts d’époque romaine demeurent trop succincts pour affirmer un réel aménagement antérieur au Vème siècle après J.C.

Cependant, nous remarquons que les environs de l’actuelle église paroissiale de Saint-Pierre-le-Vieux connurent une occupation mérovingienne sous la forme d’une chapelle. Cette dernière est ruinée au Xème siècle lorsque la duchesse d’Aquitaine décide d’y bâtir un monastère, comme nous avons pu le voir précédemment. La destruction de cette chapelle fut probablement l’œuvre des pillards normands, au début du Xème siècle et nous ne pouvons donc en définir les formes et caractéristiques, ni sa fonction.

Enfin, tous ces vestiges démontrent le caractère ancien, voire antique du site même de Saint-Pierre-Le-Vieux et nous répondons donc ainsi à la question qui « effleure » très certainement l’esprit de nombreux habitants de notre commune : Pourquoi une zone d’habitat aussi restreinte est-elle le « chef lieu » d’une commune? Or, nous venons de voir qu’il s’agit ici du centre historique par l’érection d’un véritable centre religieux faisant de Saint-Pierre-Le-Vieux une paroisse .

 

Aujourd’hui, nous ne conservons plus rien du premier monastère qui fut définitivement détruit en 1859. En effet, la paroisse décida de renverser les vestiges de l’église ( alors en très mauvais état) dans le but de satisfaire à la venue d’un Congrès Archéologique qui eut lieu en 1864. Néanmoins, nous pouvons nous faire une idée très précise du bâtiment au vu d’une description très précise effectuée dans les « chroniques paroissiales » du siècle dernier. AILLERY nous montre cette église comme « une des plus anciennes et peut être la plus vieille du diocèse ». Nous ne nous étendrons pas davantage sur la description de celle-ci sinon qu’il s’agissait d’un ensemble roman de la première époque sans aucune décoration ni à l’intérieur ni à l’extérieur. De même, Aillery nous fait part de la ruine de l’édifice  qui offrait la vue d’une petite basilique dont il n’existait plus que le bas-coté droit et dont les voûtes avaient disparu. Par ailleurs, l’auteur nous apprend qu’à « l’emplacement de l’habitation des moines se trouvait une maison connue sous le nom de Prieuré où l’on, apercevait des ruines, des réservoirs et des vieilles promenades » . Nous pouvons penser que ces vestiges constituaient les ruines du cloître aujourd’hui totalement disparu. En effet, si nous suivons le plan habituel des abbayes, il est probable que cet aménagement ait pu se situer au sud de l’église actuelle, soit à l’emplacement du cimetière. Néanmoins, il peut aussi s’agir de l’ancien prieuré réaménagé en logements depuis quelques années.

Enfin, notre témoin nous évoque la présence de deux pierres tombales retrouvées sur les lieux. L’une d’elles représentait un valet nommé Lebegues, mort au XVIème siècle alors que l’autre, plus ancienne (1302), représentait un religieux bénédictin dans l’attitude de la prière. Cette dernière était dotée d’une inscription latine gravée tout autour de la pierre : « Cy git Frère Jehan (de Saint Pierre Le Vieux) décédé le 19 septembre 1302. Que son âme repose en paix ».

Toutes ces informations nous invitent donc à considérer une occupation religieuse à partir du Xème siècle, voire même auparavant. Cependant, il est certain que la naissance de l’abbaye de Maillezais, qui deviendra rapidement très puissante dans tout le Bas-Poitou, fit perdre toute véritable influence pour le monastère de Saint-Pierre.

Par ailleurs, notre église actuelle ne conserve aucun artefact de cette période carolingienne. Cependant, le bâtiment actuel a cherché à reproduire l’ancienne, au moins pour la façade. Le pignon suit l’inclination de la toiture du monument te! qu’elle était auparavant ; les 3 portes ne sont plus masquées mais véritables. De même, l’édifice s’est beaucoup inspiré de Maillezais pour ce qui concerne l’intérieur (coupole, voûte octogonale, motifs des chapiteaux…). L’édifice demeure sobre d’ornements si ce ne sont quelques chapiteaux qui méritent un plus grand intérêt.

Cependant, si nous ne conservons aucun élément roman pour le monastère, la commune détient en son sein un des édifices majeurs de l’architecture poitevine. Il s’agit de la chapelle de Chaslais élevée à la fin du XIème siècle, alors en bordure du Golfe des Pictons, sur le continent. Nous sommes ici confrontés à un site imprégné de récits légendaires, notamment pour sa fondation. En effet, il apparaîtrait qu’une chapelle fut fondée au VIème siècle par des marins échappés du naufrage ayant échoué en ce lieu. Nous ne pouvons nullement établir la véracité d’un tel récit même si la tradition s’appuie sur les témoignages de Grégoire de Tours et de Pierre de Maillezais.

Par ailleurs, ce récit bénéficie d’une certaine autorité à la vue d’un tableau que l’on apercevait encore au XVIIIème siècle sur la voûte en pierre qui couvrait l’autel de la Vierge, représentant douze marins marchant à pieds nus. Or, Louis BROCHET se pose une question essentielle qui est de savoir si cette tradition n’est pas une « réminiscence de celle d’après laquelle Saint-Pient, évêque de Poitiers vers 560 aurait été, avec ses compagnons, jeté par la tempête sur les côtes du pays qu’il venait d’évangéliser ». Nous ne connaissons donc pas véritablement les origines de la fondation de cette chapelle qui demeure encore imprégnée de mystères

Quoi qu’il en soit, l’édifice que nous voyons aujourd’hui relève d’une construction effectuée au XIIème siècle, même si le lieu fut très tôt occupé, peut être dès le VIème siècle. Cette chapelle dépendait de l’abbaye de Maillezais dès le XIème siècle, c’est à dire au moment des premières donations accordées à celle–ci par le Duc d’Aquitaine. En 1232, ce bien sera saisi par l’irascible Geoffroy de Lusignan, comte de Vouvant, dit Geoffroy la Grand’Dent. Il restituera Chaslais en 1236 après avoir été frappé d’excommunication puis d’interdit par le pape Grégoire IX. Par ailleurs, lorsque l’abbaye de Maillezais fut érigée en évêché, la chapelle fut rattachée d’un point de vue religieux à l’archiprêtré d’Ardin.

Cependant, ce qui demeure remarquable est l’architecture de cet ensemble, qui mériterait d’ailleurs une rapide rénovation car nous conservons ici le joyau architectural de la commune de Saint-Pierre-Le-Vieux. L’abside est certainement la partie la plus remarquable. Effectuée vers la fin du XIIème siècle, elle est semi-circulaire comme à Maillezais et offre à l’extérieur un aspect fort gracieux : 4 colonnettes couvrent le nu de la muraille et s’élèvent dans l’espace libre entre les fenêtres. Sur leurs chapiteaux, on a sculpté des têtes d’hommes ou de femmes entremêlées de serpents. L’une de ces têtes tient même entre ses dents les queues de deux serpents. Sous la corniche, nous voyons une série de modillons sculptés et placés quatre par quatre entre les colonnettes. Ce sont des sujets variés, tirés de l’agriculture, avec des figures grimaçantes. L’abside est éclairée de chaque côté par deux fenêtres romanes. Jadis, une autre se rencontrait au fond de l’abside, mais elle a été murée pour consolider l’édifice après l’érection d’un tableau, dont nous avons déjà parlé.

La voûte de l’abside est en pierres et l’on y distinguait encore assez nettement, au siècle dernier, les restes d’une peinture. Il s’agissait d’un tableau représentant les trois personnes de la Sainte Trinité et notamment Dieu entouré » de têtes d’anges. Ce tableau était associé à la légende des marins.

Vers la fin du XVIIème siècle, deux autres tableaux sculptés sur bois furent placés dans la chapelle. L’un représentant l’Assomption de la sainte Vierge et l’autre ayant pour sujet Saint-Roch dont le culte est populaire dans beaucoup de nos églises.

Le chœur, à peine plus large que l’abside, n’est éclairé que par une seule fenêtre à ogive trilobée. La nef ne représente rien de remarquable. Elle n’a qu’une seule fenêtre ogivale aveuglée comme celle du chœur. Une voûte en pierres s’étendait dans sa partie inférieure depuis le chœur jusqu’au bas de la chapelle, mais celle-ci a du s’écrouler avec le temps et elle a été remplacée à mi-hauteur par un vulgaire plafond en planches. Le clocher carré, de construction relativement plus récente, est couronné d’une corniche et de modillons uniformes.

D’autres constructions devaient se trouver à proximité de la chapelle, notamment le presbytère, même si nous savons qu’au temps de la révolution, il se trouvait à Souil. D’ailleurs, la maison fut vendue l’an IV de la République sous le titre de « presbytère de la succursale de Chaslais ».

Nous venons donc d’évoquer les principales caractéristiques architecturales de cet édifice roman que nous vous invitons à visiter afin d’y découvrir l’étrange quiétude qui y règne. Cependant, vous ne pourrez entreprendre, en dépit d’une curiosité évidente, la descente dans les cavités qui jalonnent l’entrée de la chapelle.

Il s’agit de souterrains que l’homme avait su rendre habitables. Il n’est pas aisé de se prononcer sur la chronologie de cette structure. Il est probable que ceux-ci furent creusés par les habitants du littoral, pour se protéger, eux et leurs objets les plus précieux, contre les invasions des Normands, aux IXème et Xème siècles. Par ailleurs, ce refuge fut très certainement utilisé  durant tous les conflits qui étayèrent le premier millénaire (guerres de Cent Ans, de Religion, de Vendée). En effet, de nombreuses découvertes furent effectuées au sein de ces souterrains au XIXème siècle par Octave de Rochebrune et Louis Brochet tels des vases, en partie brisés et exécutés en argile du pays, des sépultures ainsi que deux statues remarquables, mais mutilées, dont l’une représentant l’archange Gabriel. Or, ces statues possèdent des similitudes avec les bas reliefs des églises de Foussais et Fontaines et laissent présager, au vu d’une taille très brillante, qu’elles furent réalisées par l’un des élèves les plus doués de l’école poitevine et saintongeaise.

Cependant, ce qui demeure le plus original réside dans la conception de ce souterrain. Ces galeries avaient été réalisées dans le but d’être habitables. Elles possèdent des largeurs variant de 0,80m à 1,20m et des hauteurs comprises entre 0,50m et 1,80m qui ne permettent d’y pénétrer qu’en s’y glissant à plat ventre. Leurs parois ainsi que la voûte sont fort inégalement taillées. Les surfaces de ces galeries parfaitement lisses en certains points, portent l’empreinte indiscutable d’un séjour répété de l’homme qu’il avait donc su rendre habitables en forant dans la voûte des tubulures obliques d’environ 0,15m de diamètre. Ces tubulures, qui, par leur accès à la surface du sol, appelaient des courants d’air destinés à renouveler l’atmosphère du souterrain. Ils devaient s’ouvrir au milieu des herbes, des broussailles ou des bois, sans dénoncer l’existence de la retraite ténébreuse.

Par ailleurs, toutes ces galeries viennent converger vers un pilier de 10,50m de circonférence dans lequel a été aménagée une sorte de niche circulaire. Ceci démontre indubitablement cette volonté de constituer un espace où la population pouvait se réfugier pour une durée suffisante afin d’échapper à toute sorte de conflits. En effet, la position d’abri au fond du Golfe des Pictons, côte basse vaseuse largement ouverte aux incursions marines de toute nature, favorisait l’arrivée de brigands avides de richesses. C’est pourquoi, nous ne constatons aucune fortification notable, notamment pour la chapelle.

 

Par contre, la presqu’île de Maillezais constituait un refuge idéal qui fut aménagé durant près de 7 siècles (depuis le Xème siècle jusqu’au XVIème). Si l’abbaye constitua le pôle défensif de cet aménagement permanent, une logique de mise en défense plus globale et plus étendue permit de faire de l’île de Maillezais un véritable bastion. En effet, différentes campagnes défensives furent mises en place dans sa partie orientale vers Maillé et dans sa partie occidentale, seul point d’accès terrestre qui se rencontrait à la Porte de L’Ile. Il apparaît qu’à l’origine Maillezais était une presqu’île avec un accès étroit au niveau de la pointe occidentale. Or, à une période indéterminée, l’Autize qui confluait avec la Sèvre au sud de la presqu’île, a été détournée dans un canal creusé au nord, appelé La Jeune Autize par opposition à l’Autize qui devenait un de ses affluents. Dès lors, ce canal barrait le seul accès terrestre vers le continent par un large fossé en eau sur lequel tournait un moulin. Fut édifié au niveau de cet accès un édifice fortifié dont nous possédons quelques vestiges aujourd’hui. Par ailleurs, un ingénieur du Roi Louis XIV, Claude MASSE, fit une description très intéressante de cet ensemble au XVIIIème siècle. Il rapporte que cet édifice commandait le seul accès charretier de l’île par une grosse tour agrémentée d’un pont-levis qui enjambait la Jeune-Autize :

« Ce canal est traversé par un pont que l’on appelle le pont de l’isle, qui est le seul endroit où l’on n’y entre par Charois, il y avoit autrefois un Pont dormant et un pont levis qui estoit flanqué par une grosse tour où estoit le Corps de Garde  . Ce pont étoit couvert entièrement par un ouvrage, il n’en paroit plus que quelques fragments, le surplus ayant été ruiné…».

Aujourd’hui, subsistent donc deux tours circulaires accolées, une grosse utilisée très probablement comme lieu de résidence pour la garde et une maigre complètement pleine ayant une probable fonction de contrefort. Ces tours sont faiblement talutées du côté du canal afin d’assurer une meilleure assise à l’édifice. Malheureusement, nous ne percevons aucun aménagement défensif (fente de tir ; crénelage…). Il est donc probable que celles-ci aient été remaniées à une période inconnue pour leurs parties supérieures, même si nous ne percevons aucune reprise notable.

Ces deux tours pourraient donc remonter au XIIIème siècle si l’on se fie à un récit relatant l’attaque avortée de l’abbaye de Maillezais par des Croisés au début du XIIIème siècle. Cette attaque fut freinée au Pontreau puis stoppée définitivement par le Corps de Garde au pont de l’isle, soit à la Porte de L’Ile. Ceci nous laisse envisager l’existence d’un ouvrage défensif dès le XIIIème siècle ainsi que la réalisation du canal de La Jeune Autize, Par conséquent, Maillezais était une île dès le XIIIème siècle avec l’édification d’un probable  premier aménagement défensif à La Porte de L’île

Par ailleurs, ce canal avait aussi pour utilité l’alimentation d’un moulin à eau qui existait à la fin du XVIIème siècle selon le rapport de Claude MASSE :

« …au nord ouest de ce village est le moulin à eau des Portes de l’Isle a Monsieur l’évêque de La Rochelle ou il y a quatre roues qui tournent par le cours d’eau de la rivière l’Autifse, il ne tourne que cinq mois de l’année, ce sont les seuls de l’isle de Maillezais et qui soient là au tour quoy il y ait beaucoup d’eau, mais qui n’a point de courant. Le bastiment a 22 toises de long. Les batteaux remontent jusques proches les moulins quand les eaux sont hautes ».

A la lecture de cet extrait, nous constatons donc qu’à l’emplacement actuel de l’entreprise Guyomarch, se rencontrait un moulin détenu par l’évêché de Maillezais jusqu’en 1648, année du transfert de cet évêché à La Rochelle. C’est pourquoi en 1699, le moulin est détenu par ce dernier qui en assure le bon fonctionnement. S’il une datation précise pour la construction du moulin ne peut pas être établie, son association avec le creusement du canal paraît probable. Dans ce cadre, il est tout à fait envisageable d’avancer l’hypothèse selon laquelle ce lieu serait destiné à un tel usage depuis près de sept siècles.

 

Le panorama historique de notre commune sera complet après avoir évoqué les caractéristiques du village de Souil dont nous avons peu parlé jusqu’à maintenant. Or, Claude MASSE le décrit au XVIIème siècle comme un village « …au bord des marais de la paroiffe de Saint Pierre Le Vieux …». Cette position d’accostage lui donnait un rôle économique car s’y rencontrait un port où l’on chargeait « … beaucoup de marchandises surtout du bois a bruler et a bâtir et du bled… ». Souil était donc doté d’un port dont le souvenir est rappelé par la toponymie : « le Grand Port ». Ce dernier jouait un rôle de liaison entre l’amont de l’île de Maillezais et l’amont de la Vendée, soit tout le pays de Fontenay Le Comte.

Par ailleurs, cette position de carrefour entre le marais et le continent lui valut une entrevue célèbre quant à l’histoire régionale. En effet, le 25 mai 1619, dans le logis de l’huguenot Antoine JOUBERT, fut signé l’acte de vente du fort du Doignon  et de l’abbaye de Maillezais entre Agrippa d’Aubigné, gouverneur protestant de ces deux places, et Henri De Rohan, gouverneur du Poitou. Nous pensons que ce logis se rencontre encore de nos jours, dans la Rue Principale, au voisinage du café des Sports. En effet, une habile rénovation a permis de mettre en valeur la richesse architecturale de cet ensemble (fenêtres à meneaux…) et l’on retrouve dans la toponymie le caractère prestigieux de cette bâtisse (Venelle du Grand Logis). Souil fut donc le théâtre d’un entretien très important puisqu’il cella définitivement le sort du Fort du Doignon qui fut détruit par la suite alors que l’abbaye de Maillezais voyait le départ définitif des soldats huguenots qui laissèrent un évêché très ruiné mais doté d’ingénieux instruments défensifs.

La commune de Saint-Pierre-Le-Vieux a su tirer partie de ses contingences géographiques au vu du rayonnement d’une abbaye puis d’un évêché durant plus de six siècles. Les Ducs d’Aquitaine ont permis le véritable essor d’une région en apparence peu peuplée au Xe siècle. Cette implantation a permis de structurer celle-ci tant d’un point de vue politique que religieux. En même temps, s’est opérée une mise en valeur de cet espace marécageux par une importante campagne d"assèchement qui a véritablement pris son essor au XIIIème siècle.

C’est pourquoi l’espace Saint-Petruxain fut très tôt imprégné d’une véritable identité territoriale. Cependant, chaque village bénéficia individuellement de cette influence Mallacéenne et fut aménagé selon ses propres contingences tant géographiques, stratégiques voire économiques. Or, nous bénéficions encore aujourd’hui de cet héritage et vivons dans une commune clairsemée par divers lieux de peuplement plus ou moins indépendants les uns des autres.

Les contraintes imposées par ce legs du temps et de notre histoire ont pu être atténuées par l’effort des dernières municipalités, mais aussi grâce au tissu associatif sans lequel ce « mariage » serait demeuré vain. Il importe donc à chaque habitant d’entretenir et de prolonger cet élan.